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Covid : quand le monde télétravaille

La crise du Covid a profondément modifié les habitudes de travail dans le monde. Les pays riches peuvent plus facilement mettre en place le télétravail que les émergents. Un système hybride, associant travail à distance et présence en entreprise devrait s’imposer au-delà de la pandémie, principalement dans les services.

Si elle a créé un chaos généralisé, la crise du Covid-19 a aussi bousculé les mentalités et fait sauter quelques barrières. A commencer par celles qui entouraient le télétravail.

Pour lutter contre la pandémie, cette formule a servi de « planche de salut face à un choc externe inédit », résume Sébastien Lacroix, directeur associé senior de McKinsey France. Le groupe de conseil a mené une étude sur le télétravail dans neuf pays (Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Japon, France, Espagne, Mexique, Chine, Inde). Dans le monde, plus de la moitié de la population active n’est pas ou peu éligible au travail à distance. Essentiellement parce que certains emplois impliquent des machines spécialisées, d’autres exigent des déplacements. Mais le potentiel de télétravail existe.

Le télétravail dans les services

Il varie d’un pays à l’autre, en fonction notamment du poids des services dans l’économie. Schématiquement, plus l’économie est développée, plus elle peut accueillir du télétravail. Par exemple, en France, 39 % des emplois peuvent être théoriquement réalisés à distance, dont 28 % sans perte de productivité. Il s’agit là de proportions quasi-identiques à celles de l’Allemagne, des Etats-Unis ou du Japon. La finance et l’assurance figurant parmi les secteurs où le télétravail est le plus facile à implanter, le Royaume-Uni fait la course en tête des pays développés grâce aux services financiers. Pas moins de 46 % de sa population active pourrait potentiellement télétravailler (33 % sans perte de productivité).

Les pays émergents se trouvent à l’opposé. En Inde, par exemple, le travail à distance ne concerne que 16 % de sa main-d’oeuvre (12 % sans perte de productivité), grâce surtout à la high tech. L ‘agriculture est l’un des secteurs à forte concentration de main-d’oeuvre où le télétravail est quasi impossible. « Le différentiel d’accès au télétravail selon des critères géographiques, sectoriels ou en fonction des emplois peut créer des inégalités économiques et sociales », note le consultant.

Le domicile, deuxième bureau

Le télétravail étant mieux accepté, « il va s’installer dans la durée », poursuit Sébastien Lacroix. Un modèle hybride est en train d’émerger, faisant alterner la présence physique avec le travail à distance. Dans les économies développées, « plus de 20 % des emplois pourraient être réalisés à distance entre 3 et 5 jours par semaine et ce, aussi efficacement que s’ils étaient réalisés en présentiel », relève le rapport. Et de préciser : si le domicile devait s’imposer comme étant le deuxième bureau, cela « signifierait trois à quatre fois plus de personnes travaillant depuis chez elles qu’avant la crise ».

Bouleversements pour les entreprises

Ceci implique des bouleversements profonds. Dans les marchés matures, les changements de comportements auront des répercussions dans les restaurants, les magasins et les entreprises de services aux alentours des bureaux, les transports publics. L’immobilier de bureau va également connaître des mutations en profondeur.

Pour les entreprises, ce nouveau mode de travail va les obliger aussi à se réinventer : redéfinition des politiques internes, investissement dans les infrastructures numériques et bien sûr réorganisation des espaces de bureaux. « Ces transformations devraient s’étendre sur douze à dix-huit mois », explique le consultant certain que « les curseurs doivent bouger ». Mais explique-t-il, « il faut veiller à respecter certains équilibres : éviter la dissociation entre cols blancs et cols-bleus, et éviter aussi de casser l’appartenance collective à l’entreprise. »

Source : https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/covid-quand-le-monde-teletravaille-1268879